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Comment l'Etat Islamique se finance-t-il ?

En quelques années Daech est devenu le groupe islamiste le plus puissant du monde, et le premier à s’auto-suffire financièrement, grâce a ses différentes activités. L’Etat Islamique gagnerait 8 millions de dollars par jour, 2,9 milliards de dollars par an. D’ou vient cet argent? Est-il possible de couper court a ces revenus ?


Les origines de Daech


Pour comprendre comment Daech est devenu le plus puissant groupe terroriste du monde, il faut faire un retour sur ses origines. L’occupation américaine en Irak dans les années 2000 qui reste très controversée, a déstabilisé la politique du pays et a permis à certains groupes radicaux d’émerger. L’ingérence, les incarcérations et les tortures sur des prisonniers locaux, n’ont fait qu’exacerber une haine anti-américaine dans les populations locales. C’est ainsi qu’est né un groupe rebelle islamiste extrémiste, accompagné d’irakiens sunnites, frustrés que les américains aient renversé Saddam Hussein (sunnite dans un pays à majorité chiite). Ils essayent d’abord de s’implanter en Irak, créant quelques troubles au sein de l’armée américaine.



Puis, ce groupe profite de la guerre civile en Syrie pour rejoindre deux autres groupes dans la lutte contre Bachar el Assad, ce sont les rebelles libres de Syrie et Al Quaida, également sunnites. Les rebelles libres sont soutenus par la coalition occidentale dont la France et les Etat-Unis font partie, ainsi que des pays sunnites du Golfe comme l’Arabie Saoudite, la Turquie, la Jordanie et le Qatar, entre autres. Ces pays offrent tous le soutien aux rebelles en Syrie, leur fournissant de l’argent, des armements et des entrainements militaires, sans se douter (vraiment?) que tout ceci finira dans les mains des djihadistes moins d’un an plus tard.

Les djihadistes sont aussi fortement soutenu financièrement par les riches pays du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar,...) qui s'allient dans la lutte contre les Etats Chiites. Ces derniers financent autant des groupes armés que des écoles coraniques, via un financement direct ou au travers d'associations caritatives et des donations de riches particuliers.


Les richesses de Daech


Aujourd’hui Daech s’étends sur un territoire qui couvre 250 000 km2 et compte 10 millions d’habitant et de nombreux gisements d'hydrocarbure. Suite à la prise de Kobané en septembre 2014, L’Etat Islamique dispose d’une frontière directe avec la Turquie qui lui permet de commercer avec le reste du monde. L’Etat Islamique est, grâce à ce commerce exterieur, autosuffisante sur le plan financier, contrairement aux autres organisations terroristes qui ne dépendent que de dons de pays alliés.


Ses principales sources de revenu sont le petrole et le gaz (à hauteur de 4,4 millions de dollars par jour, soit 55% de ses revenu journaliers) et les impôts sur les populations locales (à raison de 1 millions de dollars par jour) qu’on peut davantage comparer à de l’extorsion et du racket, ainsi que de la contrebande et du trafics en tout genre.

Ainsi, l’Etat Islamique contrôle 15 % du pétrole irakien et 60 % du pétrole syrien. Il vend son pétrole au marché noir principalement en Turquie et en Jordanie à un prix estimé inférieur de 30 % du prix du marché (pour un baril de 50 $, il le vend 35 $). Il devient quasi impossible de tracer ce pétrole qui peut alors être vendu aux pays occidentaux.


Les impôts sur les populations sont des taxes sur la consommation, les télécommunications, les camions traversant son territoire, le revenu des entreprises, sur les chrétiens syriens en échange de sa protection (impôt connu sous le nom de jizya). A ces sources de financement s’ajoutent des revenus issus de la vente de phosphates, de ciment et de produits agricoles (l’EI détient deux tiers de la production syrienne de coton), mais également le rançonnement de prisonniers, le commerce de la drogue, du trafic d'armes, le pillage de villes et le trafic d’humains. Une quinzaine d’otages occidentaux ont déjà été rançonnés par Daech. Sachant que le « prix » d’un otage varie entre 5 et 10 millions de dollars, l’organisation aurait touché environ 112,5 millions de dollars grâce à cette activité.

Enfin, une autre source de revenus à ne pas négliger est le trafic d’oeuvres d’art. En effet, si Daech opère de très médiatiques destructions de temples antiques et de musées, il s’agit en l’occurrence surtout de propagande. A côté de cela, de nombreuses œuvres sont proposées au marché noir, ce qui fait dire au directeur général des antiquités et des musées de Syrie, Maamoun Abdulkarim, que les collectionneurs qui achètent des pièces pillées en Syrie et en Irak "participent au financement de l’État islamique et donc du terrorisme".


Un problème insoluble ?


Outre l’aspect militaire qui viserait à neutraliser les gisements de pétrole et les camions citernes qui transitent, couper totalement tout commerce avec Daech semble être ce qui serait le plus efficace. Mais est-ce réellement possible ? Non évidement, leurs produits, exclusivement des matières premières, transitent par plusieurs intermédiaires avant d’être confondus avec les produits turcs, jordaniens ou syriens, qui se retrouvent sur le marché mondial.


Comment éviter d’acheter du coton Daech ? C’est justement ce dont s’inquiètent les compagnies de textile européennes, notamment celles de haute couture, qui ont récemment décidé de tout mettre en oeuvre pour s’assurer de la provenance de leurs matières premières. Difficile, quand on sait que la Turquie représente le premier fournisseur de coton d’Europe, et que la Turquie fait partie de la coalition sunnite qui a soutenu sinon toléré le groupe Etat Islamique à ses débuts, lors de la guerre en Syrie. La position de la Turquie reste ambiguë, et la communauté internationale se demande si la Turquie est vraiment un allié sûr dans sa volonté d’anéantir Daech et de couper tout commerce avec celui-ci. La même question se pose avec les autres pays de la coalition sunnite, notamment les nombreux pays du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar,...) dont il est très probable qu’ils entretiennent de fort liens commerciaux avec Daech.


En France, un chef d’entreprise, Jean-Charles Mille, directeur de la société Premium Film, a fait un don de 5000 euros à l’intention du ministre Michel Sapin afin de lutter contre le terrorisme. Il appelle aussi les autres chefs d’entreprise à faire de même en faisant appel au patriotisme de ses congénères. Cet argent est dédié a renforcer la sécurité de l’Etat, ce qui -dit il- coute très cher, vu que l’Etat français a prévu de recruter massivement très prochainement dans la police, l’armée, et la justice. En outre, Marc Simoncini, fondateur de Meetic, a publié sur facebook un message visant a appeler les exilés fiscaux à revenir en France payer leurs impôts, ce qui a parfois été perçu comme une critique à peine voilée par de nombreux entrepreneurs ayant notamment migré dans notre pays.


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